jeudi 19 novembre 2009

Notre analyse du projet

A l’heure actuelle plusieurs points posent problème à la fois sur la forme et le fond : ils suscitent au minimum de fortes interrogations voire de grandes inquiétudes.

1°- Sur la forme

Tout se passe dans le plus grand secret, la Direction de l’hôpital ne communique aucune information concernant l’avancée du projet et ne tient pas compte de la position et des arguments du personnel. Au Conseil d’Administration de l’hôpital, la représentante du Conseil Régional a sollicité un débat public refusé par le Maire sous prétexte qu’il s’exprimerait devant les Conseils Municipaux. A ce jour, ça n’a toujours pas été le cas. La Direction de l’Hôpital comme le Maire ne veulent consulter ni le personnel ni même la population pourtant concernée directement par ce projet.
La façon de procéder de la Direction de l’hôpital, de l’ARH et de certains élus sur ce dossier est très archaïque et purement et simplement anti-démocratique ! Aujourd’hui, on ne peut pas prendre une décision comme ça en catimini sans informer et consulter, sans transparence et débat...
Pourquoi le Conseil Général n’a-t-il pas été saisi ? Il a fallu qu’il s’en autosaisisse… Et d’ailleurs, les questions qu’il a posées à cette occasion restent à ce jour sans réponse…
De la même façon, pourquoi le Conseil Municipal de Tarbes n’a-t-il pas été saisi ?
Là encore, il a fallu que les élus de l’opposition dans la séance du 26 octobre dernier réclament ce débat pour que, peut être, il puisse avoir lieu bientôt. Nous attendons ce débat avec impatience. Mais le fait même qu’il faille « forcer la porte » du débat et combattre l’opacité du dossier est déjà très significatif.

2°- Sur le fond

  • 2.1. Le volet de la concurrence avec le secteur privé :

Même si on peut et on doit s’interroger sur cette sempiternelle loi de la concurrence entre le public et le privé qui n’a aucun sens quant on sait combien les obligations qui pèsent sur l’Hôpital Public (accueil de tous les malades, obligation de formation…) et ne pèsent pas du tout sur les cliniques privées font que cette fameuse concurrence sera toujours faussée.Pour la Direction un argument majeur justifie la création d’un nouvel hôpital situé entre Tarbes et Lourdes : « il faut mettre l’hôpital en capacité d’affronter la concurrence du secteur privé » ;Mais, en outre, cet argument est contradictoire et paradoxal puisqu’il est évident que l’implantation d’un nouvel hôpital entre Tarbes et Lourdes ne permettrait en aucun cas de concurrencer le secteur privé bien au contraire. En effet, dans notre département si le secteur privé hospitalier est présent et dynamique à Tarbes, il est inexistant à Lourdes, Bagnères ou Lannemezan. Créer un nouvel hôpital entre Tarbes et Lourdes aurait donc pour effet de laisser le champ libre au secteur privé Tarbais, de renforcer l’Ormeau, établissement privé au demeurant fort respectable, notamment la maternité (le problème est identique pour la chirurgie) puisque les habitantes de l’agglomération tarbaise ne feront pas des kilomètres supplémentaires pour aller accoucher dans un hôpital public : elles iront au plus proche : l’Ormeau, surtout si la question des transports en commun reste en l’état actuel (l’Hôpital de Tarbes est desservi par le réseau d’agglomération (ce qui n’est pas le cas de Lannes…).

  • 2.2. L’affaiblissement du service public hospitalier

Toujours au chapitre de la « concurrence » public-privé, et si l’on voulait une autre preuve des coups portées à l’Hôpital Public, ce projet aboutira de facto à un affaiblissement du service public hospitalier avec une diminution drastique du nombre de lits d’accueil dans l’Hôpital Public. On passera ainsi de 473 lits (« Médecine, chirurgie, obstétrique » Tarbes+Lourdes hors gériatrie) à un nombre beaucoup moins important. Les responsables du dossier ne veulent pas révéler le chiffre (encore le secret !) mais nos informations font état d’une suppression d’au moins 150 lits.

  • 2.3. Le volet aménagement du territoire

La création de ce nouvel hôpital entraînerait de même de sérieux problèmes en matière d’aménagement du territoire et ne réglerait en aucun cas les difficultés rencontrées au niveau du « drainage » des populations. L’immense majorité de la population du département à part celles situées entre Tarbes et Lourdes se trouveraient plus éloignée du nouvel hôpital et risquerait fort de s’orienter soit vers le secteur privé tarbais soit vers les départements voisins : Pau pour les habitants du nord du Département (Vic, Maubourguet, Castelnau Rivière-Basse…) et pour les Lourdais ou Toulouse pour les habitants du sud est du Département (Lannemezan…). Là encore, la solution proposée par la direction aurait pour conséquence de drainer des malades vers les départements voisins, affaiblissant ainsi le secteur public hospitalier des Hautes-Pyrénées.

  • 2.4. Le développement durable

Le Grenelle 1 puis le Grenelle 2 de l’environnement viennent d’avoir lieu et notre société, peu à peu, prend conscience de l’impératif de sauvegarde de la planète. Et là, on retourne 50 ans en arrière ! Construire un nouvel hôpital avec d’immenses parkings sur une surface agricole ou naturelle de plusieurs hectares aura une empreinte écologique dramatique… Ajoutons que l’argument selon lequel il serait impossible de rénover un bâtiment de conception archaïque, est ridicule !A ce titre, il faudrait raser Purpan, Rangueil, la Salpêtrière et l’Hôtel Dieu !Dire qu’il vaut mieux détruire un hôpital de 30 ans que le rénover est une ineptie !

  • 2.5. Le volet gabegie de crédits publics

C’est peut être le volet le plus choquant du dossier :La construction de ce nouvel hôpital constituerait un gaspillage considérable d’argent public puisque d’importants travaux ont été réalisés récemment à l’hôpital de Tarbes ou bien le seront prochainement (coût total de 60 à 70 millions d’euros sur 10 ans). A la suite des problèmes de légionellose, tous les services ont été refaits à l’exception de la pneumo-cardio, de l’ortho et du service consultation. Ces dernières années les blocs opératoires ont été refaits pour un coût de 15 millions d’euros, les locaux de l’institut de formation en soins infirmiers vont être agrandis, les urgences pour 1.5 million d’euros, la maternité pour 10 millions d’euros…. Prochainement le hall et le service de réanimation vont être refait, le centre de transfusion tout neuf situé volontairement à proximité de l’hôpital a ouvert ses portes… Si la construction d’un nouvel hôpital entre Tarbes et Lourdes, dont le coût avoisinerait les 200 millions d’euros (cf. la lettre de l’ARH du 20 Août 2009), était avérée, on assisterait alors à un insupportable gaspillage des deniers publics ! Qui va payer tout cela ? Le contribuable, bien sûr, ou plus précisément l’assuré social.A l’heure des déficits publics considérables une telle irresponsabilité est moralement insoutenable.Un député de la majorité disait récemment à l’Assemblée : « un jour, vos enfants ou vos petits enfants iront cracher sur vos tombes en refusant d’assumer les dettes que vous leur aurez laissées ». Ce projet pharaonique et irresponsable financièrement est, de ce point de vue, moralement insoutenable.

  • 2.6 Le plan social

Enfin, il faut savoir que la création de ce nouvel hôpital sera accompagnée de 214 suppressions d’emplois : 189 emplois non médicaux et 25 emplois médicaux. Cela constituerait donc un plan social aux conséquences dramatiques pour notre département dans un contexte économique déjà morose. C’est inacceptable ! Mais les défenseurs du projet n’abordent jamais cet aspect du dossier, on comprend bien pourquoi !

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