jeudi 19 novembre 2009

Collectif de praticiens hospitaliers.

Point de vue majoritaire à propos de la construction d’un nouvel hôpital à la périphérie de la ville de Tarbes

Ce collectif regroupe plusieurs médecins de l’hôpital de Tarbes qui ont souhaité garder l’anonymat pour participer plus librement au débat public

« La politique de la santé ne doit être ni de droite, ni de gauche, elle doit répondre aux besoins de soigner la population au sein d’établissements de qualité, publics ou privés.

Le collectif qui a pris la décision responsable d’intervenir dans le débat sur la pertinence ou le besoin de délocaliser l’activité publique hospitalière, est composé de personnes ayant contribué par leurs compétences à la renommée du CHB. Ils ne sont pas tous adhérents à un parti politique, seul le bon sens a guidé leur choix de prendre la parole par rapport à la construction du « nouvel » hôpital.

Aujourd’hui, « la majorité » veut des explications qu’elle n’a eues, ni de la part de la Direction, ni de celle du président de la CME, ni même de la DDASS ou de la DRASS.

Elle ne comprend pas pourquoi il faut construire un hôpital neuf alors que celui qui existe déjà fonctionne dans des locaux refaits à neuf. A ce jour, très peu de services restent à rénover.
Alors, pourquoi ce gâchis ?! Même s’il fallait repartir dans une nouvelle rénovation de toutes les chambres de l’établissement actuel, cela coûterait bien moins cher que de construire un nouvel hôpital.

Les praticiens hospitaliers qui ont choisi d’exercer dans les hôpitaux publics l’ont fait par conviction de l’utilité d’un service public le plus près de la population.

Deux exemples pour définir le service public et l’hôpital de proximité :
  1. Actuellement, un mouvement de grève des gynécologues obstétriciens d’une gigantesque clinique privée paralyse la région de l’Ouest de la France.
    Question : qui prend la relève de l’activité privée des maternités privées ? C’est l’HÔPITAL PUBLIC !
  2. Il y a une quarantaine d’années, l’activité commerciale des centres villes partait s’installer dans des périphéries plus ou moins lointaines. Les problèmes sont apparus lorsque la circulation automobile polluante, qui permettait aux clients de faire leurs courses, a été désignée comme co-responsable dans la pollution de l’air. Puis vint la crise économique pour apporter la preuve que ces mêmes clients préfèrent aujourd’hui, se rendre dans les commerces du centre ville. Alors, que font les grandes enseignes commerciales pour récupérer ces « brebis galeuses » ? Elles rachètent les supérettes pour en faire des hypermarchés en plein centre ville (retour à la terre ou retour au bon sens commercial oblige ?).

Le collectif pense que, si la logique marchande et comptable de la santé de la population, pousse par intérêt des dirigeants, certains élus, collectivités locales ou l’ARS à cautionner ce projet en le finançant, ils devraient d’ores et déjà se considérer comme responsables d’un désastre humain annoncé : on ne « boursicote » pas avec l’argent du contribuable.

La plupart, pense que les établissements de santé publics des Hautes-Pyrénées sont hautement complémentaires. Certes, une mise en commun simple des compétences et des moyens est indispensable mais, une casse programmée des hôpitaux publics est intolérable (théorie du renouveau après le « chaos »).

Le collectif est convaincu que les hôpitaux des Hautes-Pyrénées ont besoin de renforcer toutes les équipes en étant attractifs par la qualité de vie qu’offre, à tous les praticiens, le travail dans les hôpitaux publics de la région.

Il craint que, d’ici l’achèvement de la construction du nouvel hôpital, les cliniques privées, que le collectif ne considère aucunement comme des adversaires mais bien comme des collaborateurs, se seront organisées sans trop de mal pour développer des activités qui rapportent et que l’hôpital n’aura pas pu réaliser (faute de moyens). D’autant que l’éloignement du futur nouvel hôpital portera un coup fatal à cette perspective car il ne « recrutera » pas plus de patients venant du sud du département ; en revanche, il perdra sûrement ceux venant du nord, de l’est et de l’ouest du département.

Le collectif ne manque pas de courage mais il se comporte avec responsabilité et prudence : c’est une forme de résistance. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire